Un grand nombre d’épices sont connues pour leurs bénéfices santé, certaines sont même consommées en suppléments. J’ai repassé pour vous la littérature scientifique dans le domaine. Je vais vous parler de leurs bénéfices santé, mais aussi de l’origine de leurs usages en médecine.
Les épices intéressent beaucoup de gens, pour différentes raisons. Un sondage récent aux États-Unis a démontré qu’environ 50% des Américains étaient intéressés à en savoir plus sur les bénéfices santé des épices et à les utiliser comme médecine traditionnelle ou complémentaire. La grande majorité des participants au sondage étaient capables de nommer 6 ou 7 épices communément reconnues pour leurs bénéfices santé comme le gingembre, la cannelle ou l’ail (les trois plus nommées). Je suis convaincu que la situation est similaire au Québec. Le plus étonnant, c’est que les épices ont été utilisées à plusieurs autres fins avant d’être utilisées aussi largement en alimentation.
L’usage des épices dans l’histoire humaine
Les épices ont été utilisées pour assaisonner les aliments, mais aussi pour les colorer et les préserver, depuis très très longtemps. Grâce à leurs bénéfices pour la santé, elles ont aussi été utilisées par différentes médecines traditionnelles, partout dans le monde, pour prévenir ou traiter certains types de maladies.
Notez que pour ceux et celles qui seraient intéressés par les épices de la forêt boréale, nous avons un biologiste spécialisé en la matière, avec qui j’ai étudié en biologie d’ailleurs, monsieur Fabien Girard. Fabien a publié deux livres qui présentent des épices tirées de la forêt boréale et qui contiennent même des recettes de cuisine : Secrets de plantes 1 et Secrets de plantes 2. Je vous recommande très fortement ses livres. Les plantes y sont présentées de façon brillante, par des descriptifs accessibles à tous et qui transpirent une passion profonde pour la nature et la biologie de la forêt boréale. Deux petits chefs-d’œuvre.
Pour revenir à nos épices, la définition simple nous indique qu’il s’agit d’une substance aromatique végétale qui provient soit de la racine, de la fleur, de la feuille, de la graine, du fruit, ou même de l’écorce, et qu’elle est utilisée en alimentation pour assaisonner.
Certaines épices étaient utilisées à l’époque des pharaons, entre autres durant les cérémonies d’embaumement ou de momification. Durant l’Antiquité, elle servait d’offrande, de parfum et de remèdes médicinaux. Certains usages médicinaux auraient comme origine des théories d’Hippocrate, le père de la médecine moderne. Datant d’environ 400 ans avant Jésus-Christ, ces théories étaient basées sur l’idée que la santé humaine dépendait de 4 grands concepts : du froid, de l’humidité, de la chaleur et du sec. Ainsi, une épice comme les piments forts, était chaude et sèche, pouvait aider à guérir des problèmes de santé causés par le froid et l’humidité. En 400 avant Jésus-Christ, la majorité des maladies n’étaient même pas identifiées et les causes étaient bien sûr très mal interprétées.
Ce n’est que durant le Moyen Âge que les Européens commencèrent à utiliser les épices en cuisine. Elles devinrent même une source de richesses et de luxe. Les épices importées de l’Asie et du Moyen-Orient avaient une bien plus grande valeur. Elles étaient une source de prestige. Ces épices étaient reconnues pour leurs vertus médicinales; considérées comme beaucoup plus importantes que celles des plantes locales européennes ou nord-américaines. L’origine mystérieuse des épices venues de l’autre monde augmentait leur valeur comme produits haut de gamme destinés aux gens riches de l’époque. Elles étaient associées à la spiritualité et à la guérison des médecines traditionnelles. Cela me rappelle le marchand phénicien dans Astérix, mais parlons maintenant des vrais bénéfices santé.
Les bénéfices santé des épices
Certaines de ces épices vont contenir plus d’une centaine de composés qui peuvent être responsables des bénéfices santé à des quantités infimes. Nos travaux de recherche avec l’Université Concordia ont permis d’identifier de nouveaux modulateurs du vieillissement primaire dont 4 proviennent d’épices. Je peux vous révéler la provenance d’un des modulateurs, présenté dans nos articles scientifiques publiés en 2016, 2017 et 2019; il provient de la graine de céleri. Nous retrouvons de la graine de céleri dans une grande variété d’épices dont celles pour la préparation des bloody césar.
Je ne repasserai pas les bénéfices santé pour chacune des épices, ceci nécessiterait l’écriture d’un livre juste sur ce sujet. Certaines épices ont été grandement étudiées, comme par exemple l’ail, et d’autres très peu. Une chose très intéressante, c’est qu’il y a maintenant des études qui s’intéressent à la consommation totale d’épices comme un élément majeur des bénéfices santé de la saine alimentation. Un peu comme la consommation totale de légume, la consommation d’épice serait un indicateur des bénéfices santé d’un type d’alimentation donné.
Certains chercheurs émettent l’hypothèse que même pour la diète méditerranéenne, la diète la plus étudiée dont les bénéfices sont les mieux documentés et les plus importants, les épices auraient des bénéfices significatifs.
Une étude récente a démontré l’effet de 6 grammes d’épices en un seul repas sur les marqueurs d’inflammation. Les chercheurs de l’Université de Pennsylvanie ont utilisé un mélange de 13 épices (basilic, laurier, poivre noir, cannelle, coriandre, cumin, gingembre, origan, persil, poivron rouge, romarin, thym et curcuma). Leurs travaux confirment un effet anti-inflammatoire pour un repas contenant 6 grammes, mais pas pour le même repas contenant 2 grammes. Je reviendrai sur l’importance de la quantité.
De façon générale, les études sur les bénéfices santé des épices en alimentation ou comme suppléments ont démontré des bénéfices sur :
- les processus inflammatoires,
- la réduction des maladies cardiovasculaires,
- des effets antioxydants,
- des effets antimicrobiens ( et la modulation du microbiote intestinal),
- la dégénérescence nerveuse,
- le diabète de type II et
- le cancer.
Il va de soi que ce n’est pas toutes les épices et tous les mélanges d’épices qui auront les mêmes bénéfices. Certains de ces bénéfices, tels que démontré pour l’inflammation, demanderont des quantités plus importantes à consommer pour atteindre la dose effective : la dose permettant le bénéfice santé. Cette dose n’est souvent pas clairement établie.
5 trucs à considérer pour en bénéficier pleinement
Voici quelques conseils sur l’usage des épices.
- Achetez des produits du Québec. Ce n’est pas uniquement pour encourager l’économie locale, mais aussi pour vous assurer de la qualité des ingrédients. Par exemple, des études récentes ont démontré que certains produits du curcuma contenaient du plomb ou des molécules hépatotoxiques. Le plomb était présent parce que certaines entreprises utilisent des colorants pour améliorer la couleur de leurs épices ou leurs extraits. Pour ce qui est des molécules hépatotoxiques, elles proviennent de l’utilisation de la mauvaise espèce de la plante. Pour des épices ou ingrédients très en demande, l’adultération est courante.
- Utilisez les épices pour diversifier votre alimentation. Autant pour essayer des recettes provenant d’autres cultures, que pour intégrer des aliments comme le tofu, les légumineuses ou d’autres sortes de poissons. Si cela vous intéresse, nous publions des recettes diversifiées sur le blogue de Vitoli qui font appel à des ingrédients santé et des saveurs inspirées de différentes cultures.
- Bien lire les ingrédients et éviter les produits qui contiennent des agents de conservation, du sel, du sucre, des faux sucres ou des agents rehausseurs de saveurs comme le glutamate monosodique. Allez-y pour les produits les plus naturels possible.
- Faites mariner vos viandes ou vos légumes avec vos épices et de l’huile d’olive. L’huile d’olive peut aider à extraire et mieux adsorber les molécules liposolubles, mais aussi, les antioxydants particulièrement puissants de cette l’huile vont aider à protéger les saveurs de l’oxydation durant la préparation culinaire. En plus de bénéficier des effets santé de l’huile d’olive, vous protégez les bénéfices et les saveurs de vos épices.
- Considérez la quantité consommée. Tel que mentionné précédemment, il faut consommer beaucoup d’épices pour espérer avoir les bénéfices mentionnés. La quantité de molécule présente dans un seul repas doit être assez élevée pour permettre d’atteindre la dose efficace. Ainsi, il sera plus bénéfique de manger certains repas riches en épices, que de manger un peu d’épices dans tous vos repas.
Je vous recommande particulièrement les produits d’Isabelle Huot. J’aime beaucoup ses épices et j’aime surtout le fait que ce sont des produits locaux, de grande qualité, sans additifs. Encourageons les entreprises québécoises.
Références :
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