Maintenant que nous avons éclairci un peu le fonctionnement du cerveau et la maladie d’Alzheimer dans l’article Comprendre la maladie d’Alzheimer, concentrons-nous sur la génétique et les facteurs de risque de développer la démence et l’Alzheimer.
La génétique
Dans le cas de l’Alzheimer, quelques gènes seraient la cause pour environ 1 % des cas. Une vingtaine de gènes augmenteraient les risques. Le facteur de risque génétique le plus important est le gène de l’APOE4 : 1 copie du gène = 3 à 4 fois plus de risque, 2 copies du gène = 10 fois plus de risque.
Nous avons bien sûr deux copies de chacun de nos gènes, une copie provenant de notre mère, une copie provenant de notre père. Dans l’ensemble des cas d’Alzheimer, 25 % des gens auraient une copie de l’APOE4, 2 % auraient les deux copies. Il y aurait donc environ 30 % des cas qui seraient de dépendance génétique.
Dans une publication récente provenant de l’Université Harvard et concernant les risques génétiques et l’hérédité familiale, il était fait mention que la présence d’un cas dans la famille ne devrait pas nous inquiéter plus que cela. Les risques de développer la maladie sont de 2 % par année à partir de 65 ans et de 5 % par année à partir de 70 ans. Pour une personne ayant un membre de la famille proche qui est atteint, on parle d’une augmentation de 30 % de ce risque. Ce qui signifie 2,6 % à partir de 65 ans et 6,5 % à partir de 70 ans. Le 30 % s’applique au risque moyen.
Heureusement, les saines habitudes de vie peuvent réduire grandement ce risque même chez les porteurs du gène. Peu importe notre génétique, nous devrions faire attention à tous les facteurs de risque.
La circulation sanguine et le cerveau
Rappelons-nous que l’hippocampe (le siège de la mémoire) serait possiblement affecté en premier lieu par l’Alzheimer en raison de sa proximité avec les artères qui alimentent le cerveau. L’effet de l’augmentation de la pression sanguine serait donc plus important dans les petits vaisseaux sanguins qui nourrissent l’hippocampe.
La réalité de la fragilité de la circulation sanguine au cerveau permet de mieux comprendre l’ensemble des facteurs de risque. Tout ce qui peut affaiblir les vaisseaux sanguins ou risquer de les bloquer augmente les risques de démence et d’Alzheimer : le tabagisme, la sédentarité, la haute pression artérielle, le cholestérol et l’obésité.
De la même façon, si le cerveau est endommagé par un choc à la tête, certains vaisseaux sanguins seront brisés et le risque de développer la maladie augmentera à moyen et long terme. En d’autres mots, les personnes ayant eu des commotions cérébrales sont beaucoup plus à risque de développer des problèmes de démence ou d’Alzheimer.
Les médicaments anticholinergiques
Ce ne sont bien sûr pas tous les médicaments qui augmentent les risques de démence et d’Alzheimer. Les anticholinergiques font partie du groupe de médicaments le plus important pour l’augmentation des risques de démence. Ces médicaments agissent sur les récepteurs de l’acétylcholine ; un des neurotransmetteurs les plus importants pour le cerveau, mais aussi pour la transmission nerveuse dans tout le corps. Beaucoup de médicaments ont des effets anticholinergiques, classés de légers à sévères. Ce sont ceux qui ont un effet sévère qui augmentent les chances de développer la maladie. Ces médicaments causeraient une augmentation des risques de démence de près de 50 % s’ils sont pris quotidiennement pendant trois ans ou plus. Ils seraient responsables d’environ 10 % des cas diagnostiqués.
Nous pouvons ajouter à cela les problèmes de sommeil, la dépression, la mauvaise gestion du glucose, la mauvaise alimentation et la prise de certains médicaments (ex. : les somnifères).
Malgré tout cela, retenez qu’il existe des moyens de prévenir la démence et l’Alzheimer. Dans le prochain article sur l’Alzheimer, nous vous présenterons plus en détail les actions que vous pouvez poser dès maintenant afin de diminuer les risques de contracter la maladie.
N.B. Il est très important de parler avec son pharmacien ou son médecin avant de considérer l’arrêt d’un médicament.
Références:
• Blankevoort et al, 2013. Physical Predictors of Cognitive Performance in Healthy Older Adults: A Cross-Sectional Analysis. PLoS One. 2013 Jul 30; 8(7).
• Coupland et al, 2019. Anticholinergic Drug Exposure and the Risk of DementiaA Nested Case-Control Study. JAMA Intern Med. 2019;179(8):1084-1093.
• Harvard-health, Published by Harvard Medical School. 2018. Alzheimers disease a guide to diagnosis treatment and caregiving. David Roberts, MD, Dean for External Education, 53 pages.
• Harvard Men’s Health Watch, Décembre 2015, mise à jour Janvier 2019. Alzheimer’s in the family: Dementia affects the person diagnosed but also raises fears for siblings and children. Here are the facts. Harvard health publications.
• Henry et al, 2019. The relationship between sleep duration, cognition and dementia: a Mendelian randomization study. Int J Epidemiol. 2019 Jun 1;48(3):849-860.
• Pottie et al, 2018. Déprescription des agonistes des récepteurs des benzodiazépines. Guide de pratique clinique. Vol 64 : MAY | MAI 2018|Canadian Family Physician | Le Médecin de famille canadien. 16 pages.
• Samieri et al, 2018. Association of Cardiovascular Health Level in Older Age With Cognitive Decline and Incident Dementia, JAMA. 2018; 320(7):657-664.
• Wahlin and Nyberg, 2019. At the Heart of Cognitive Functioning in Aging. Trends in Cognitive Sciences July 11, 2019.