J’ai fait mes études de pharmacie en Algérie, il y a de cela plus de 15 ans. Après un parcours universitaire exemplaire, j’ai travaillé comme représentante médicale au sein d’un grand laboratoire pharmaceutique. J’ai alors commencé à subir mes premières crises d’anxiété que j’attribuais à la fatigue engendrée par mon perfectionnisme.

Par la suite, j’ai pris la décision de partir en France pour étudier le marketing pharmaceutique. En arrivant sur les bancs de l’université, j’ai fait ma première dépression.

Après l’obtention du diplôme, j’ai travaillé dans l’une des plus grandes compagnies pharmaceutiques de France. J’ai fait en parallèle ma demande d’immigration pour le Canada. Je foule alors le sol québécois en 2013 avec la motivation de faire mes équivalences en pharmacie.

Je recommence tout à zéro et travaille comme technicienne en pharmacie. C’est à partir de ce moment-là que je me retrouve confrontée au mode de vie stressant du nord de l’Amérique. Suite à cela, je fais mon premier épisode d’hypomanie (période d’irritabilité, d’hyperactivité et de sautes d’humeur).

En 2014, je suis admise au programme d’équivalence en pharmacie. Dès le début, on nous sensibilise sur l’énorme charge de travail qui nous attend. Toute la cohorte a ressenti cette vague de stress et d’anxiété. En effet, je vivais une grande détresse psychologique qui m’a enfin poussé à consulter. Je rencontre, à ce moment, un médecin généraliste qui devient mon médecin de famille : une personne chaleureuse et ouverte d’esprit qui me réfère à un psychiatre. Le verdict tombe : diagnostic de bipolarité; type 2. Je suis à la fois soulagée et estomaquée.

Il va sans dire que ce diagnostic a été le choc qui m’a réveillé de ma torpeur et de mon mode de vie automatique. Cet éveil spirituel m’a offert tout simplement la capacité de m’observer, d’observer mes pensées et d’adopter une posture de témoin. J’avais pris la ferme décision de prendre ma vie en main de façon naturelle, ce qui avait étonné mon psychiatre qui n’a pas manqué de me souhaiter bonne chance.

Le long voyage de guérison commence. J’ai tout remis en question : mes pensées, mes émotions (souvent ignorées), mon alimentation, ma relation avec mon corps et avec les autres. J’ai commencé à m’observer, à saisir mes pensées, mon conditionnement, mes comportements ! Je me suis rendu compte que je vivais en mode survie : je vivais dans le chaos total. Mon corps était en état d’alerte constant prêt à attaquer ou à fuir.

La travailleuse sociale, qui utilise la méditation dans son approche thérapeutique, m’avait été assignée à la suite de ma demande. Grâce à elle, j’ai découvert la pleine conscience et les travaux de Dr John Kabbat-Zinn. Je me suis mise à pratiquer la méditation de façon régulière et m’informer sur les méthodes alternatives de prise en charge de la santé mentale, notamment, les thérapies somatiques et énergétiques. J’ai lu sur l’épigénétique, les chocs post-traumatiques, l’intelligence émotionnelle, la spiritualité et le développement personnel.

Un an après, je me mets au yoga. Ceci m’a permis de mieux me connecter à mon corps et réapprendre à respirer de façon profonde. J’ai tellement été impressionnée par les résultats de ces outils sur ma santé physique, mentale et émotionnelle ainsi que leurs impacts sur ma vie en général que j’avais décidé de me former à la pleine conscience et au yoga pour aider les personnes désirant améliorer leur bien-être de façon naturelle. La pleine conscience, la méditation et le yoga ont complètement transformé ma vie.

Aujourd’hui, j’utilise ses outils dans mes programmes de coaching. J’accompagne les femmes actives et perfectionnistes qui souffrent d’anxiété et d’épuisement professionnel. Je les aide à ralentir, à se connecter à leurs corps, reprendre leur énergie et leur pouvoir afin de créer la vie qu’elles désirent.

Dans cette optique de prévention, de partage et de collaboration, j’ai rejoint l’Association professionnelle pour la santé intégrative qui a été fondée en décembre 2020. Cette association me permet d’échanger avec les autres professionnels de la santé et informer le grand public sur les modalités thérapeutiques alternatives et holistiques qui considèrent l’être humain dans sa globalité et tiennent compte de tout ce qui influe directement ou indirectement sur la santé : le psychisme, le corps et l’environnement.

 

Tessadit Ouiddir, pharmacienne