Tiré du chapitre 3.1 du livre Vivre jeune plus longtemps (2016).
Dans l’article précédent, nous décrivions ce qu’est l’équilibre risque/bénéfice dans l’évaluation de la pertinence d’une approche en santé. Ainsi, après avoir discuté du risque, nous allons maintenant définir les 5 catégories d’information considérées liées aux démonstrations des bénéfices santé:
- L’historique de consommation;
- La littérature scientifique;
- L’identification d’un mécanisme d’action;
- Les démonstrations précliniques;
- Les résultats chez l’humain.
Nous terminerons en expliquant ce qu’est l’indice de longévité qui a été créé pour le premier livre de Dr Simard, Dr en biologie et chercheur dans le domaine du vieillissement (www.esimard.com).
1. Historique de consommation
Étant une information pertinente qui peut nous renseigner sur certains extraits de plantes utilisés depuis des milliers d’années, cette catégorie ne garantit toutefois pas l’efficacité ou l’innocuité d’un extrait de plante.
Pour démontrer ceci, prenons en exemple la valériane. Connu principalement pour ses effets sur la réduction du stress et de l’anxiété ainsi que pour aider à dormir, elle a été utilisée pour plusieurs problèmes de santé dans le passé. Beaucoup d’études scientifiques ont d’ailleurs démontré l’efficacité et l’innocuité de cette plante. Cependant, il est important d’utiliser des extraits standardisés de la valériane, car la concentration de ses composés actifs peut varier grandement.
Il y a aussi la Galega officinalis qui est une plante que l’on retrouve autour de la mer Méditerranée et au nord de l’Afrique. Cette plante est à l’origine de l’un des médicaments les plus prescrits pour le diabète de type 2 : la metformine. Cette plante est considérée comme médicinale depuis le Moyen Âge. Elle est utilisée dans différentes régions du monde pour la réduction du glucose sanguin et comme diurétique. Bien que son utilisation soit connue depuis le Moyen Âge, certains composés toxiques sont aussi présents dans cette plante. Il semble qu’une quantité aussi faible que 100 grammes de la plante séchée puisse suffire pour engendrer la mort d’une brebis.
C’est donc primordial de s’assurer de la qualité des extraits de plantes des produits naturels, et ce, malgré leur historique de consommation.
2. Littérature scientifique
Il est important de savoir que plus il existe d’étude et de littérature au sujet d’un extrait de plante, d’un aliment ou autres ingrédients, plus les résultats sont crédibles. En d’autres mots, le fait qu’il existe beaucoup d’études qui ont été réalisées par divers chercheurs, qui eux, ont utilisé diverses sources de produits ou approches, augmente la crédibilité.
Clarifions ceci en prenant les polyphénols d’olives en exemple. Beaucoup d’études parlent des bienfaits de ces polyphénols pour la santé cardiovasculaire, l’inflammation, l’oxydation des lipides sanguins ainsi que comme antioxydant général. En ce qui concerne la croissance osseuse, on ne retrouve que peu d’études sur ce sujet. On peut donc conclure que les polyphénols d’olives ont potentiellement un effet positif sur la croissance osseuse, mais que ce bénéfice est bien moins soutenu que l’impact sur la santé cardiovasculaire.
3. Mécanismes d’action
N’étant pas un élément essentiel, l’identification d’un ou des mécanisme(s) d’action représente tout de même un élément important pour supporter les bénéfices santé. Notez que l’on dénombre beaucoup de médicaments qui ont été homologués sans pour autant connaître leur mécanisme d’action.
Revenons sur le cas de la valériane qui est un exemple significatif. La démonstration des effets de la valériane sur le cerveau ne date pas d’hier, mais ce n’est que tout récemment que les mécanismes d’action de la valériane ont pu être un peu mieux expliqués. Il semble quand même évident que d’autres mécanismes, encore inconnus, soient responsables d’une partie de ses bénéfices.
4. Démonstrations précliniques
Lorsqu’il est question de bénéfices santé, la validité des démonstrations précliniques va dépendre du type de recherche réalisée. Il peut s’agir de modèles cellulaires exploratoires, ou encore de modèles animaux connus pour l’étude de l’efficacité de certains médicaments.
Ici, le principe est le même que pour la littérature scientifique (en point 2). Plus il y a de démonstrations cliniques qui sont effectuées par divers groupes de recherche ou approches différentes, plus la crédibilité est forte comparativement aux extraits ou molécules qui ne comptent qu’une seule étude. Cependant, ce point-ci n’est pas suffisant pour conclure à une activité bénéfique chez l’humain.
5. Résultats chez l’humain
Aussi appelés résultats cliniques, les résultats chez l’humain présentent le meilleur niveau de démonstration des bénéfices santé. Attention! Le fait qu’un produit de santé naturel ait été testé en étude clinique ne garantit pas forcément son efficacité. Ce qui est important, c’est de prendre en compte la qualité de l’étude ainsi que les résultats obtenus. La meilleure façon de juger de la pertinence d’un produit est de demander l’avis d’un professionnel de la santé, et ce, malgré le fait qu’il y ait eu validation ou non de démonstrations cliniques.
Qu’est-ce que l’indice de longévité?
L’indice de longévité est un indice composite; un indice qui met en relation une somme d’informations provenant des différentes sources mentionnées. Cet indice a été créé pour l’écriture du premier livre de Dr Simard, Dr en biologie et chercheur dans le domaine du vieillissement (Vivre jeune plus longtemps, 2016). Il regroupe les dernières connaissances en matière de bénéfices santé antivieillissement et permet de comparer un extrait, une molécule ou un aliment sur la base de la qualité des démonstrations scientifiques déjà existantes. Il a comme objectif de catégoriser l’importance des démonstrations scientifiques en lien avec la longévité en santé pour l’extrait, la molécule ou l’aliment considéré. Donc, plus la valeur de l’indice est élevée, plus le comité d’experts a jugé que les démonstrations santé étaient valables.
Pour illustrer le tout, voici quelques exemples d’indices de longévité tirés du livre:
- Polyphénols d’olives : 84
- Resvératrol: 78
- Quercétine: 70
- Magnésium : 57
Sachez que dans le domaine du vieillissement, les démonstrations sont plus difficiles, car il est question de bénéfices sur des systèmes complexes et sur de longues périodes de temps. Vous vous dites peut-être : Alors sur quoi se base le comité d’experts pour juger des démonstrations scientifiques?
Voici donc les éléments compris dans l’indice de longévité:
- Absence de risques ou interactions connus avec des médicaments
- Historique de consommation
- Abondance de la littérature scientifique concernant des bénéfices santé liés au vieillissement ou maladies liées au vieillissement
- Présence d’un ou de plusieurs mécanismes d’action connus
- Démonstrations précliniques disponibles
- Bénéfices démontrés chez l’humain
Cet article clôture donc la série de nos articles sur la recherche scientifique. Avec les 3 articles précédents (La recherche scientifique : ce que vous devez savoir – article 1 de 4, La recherche scientifique : études vs qualité – article 2 de 4 et La recherche scientifique : ratio risques/bénéfices – article 3 de 4), nous avons couvert les étapes de la recherche scientifique, les diverses études, les standards de qualité, le ratio risques/bénéfices ainsi que vu ci-haut, les catégories liées aux informations supportant les bénéfices santé. Pour toutes questions, écrivez-nous à info@vitoli.ca!
Autres lectures suggérées :
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Références :
- Cicerale et al, 2010. Biological Activities of Phenolic Compounds Present in Virgin Olive Oil. Int J Mol Sci. 2010; 11(2): 458–479.
- de Pablos et al, 2019. Hydroxytyrosol protects from aging process via AMPK and autophagy; a review of its effects on cancer, metabolic syndrome, osteoporosis, immunemediated and neurodegenerative diseases. Pharmacological Research 143 (2019) 58–72.
- Eric Simard, Dr en biologie. 2016. Vivre jeune plus longtemps; Chapitre 3.2, Les polyphénols d’olives et la diète méditerranéenne. Marcel Broquet la Nouvelle édition. 364 pages.
- Menendez et al, 2013. Xenohormetic and anti-aging activity of secoiridoid polyphenols present in extra virgin olive oil. A new family of gerosuppressant agents. Cell Cycle 12:4, 555–578; February 15, 2013.