Tiré du chapitre 3.1 du livre Vivre jeune plus longtemps (2016).
Avant qu’un produit naturel issu de la recherche scientifique soit disponible sur les tablettes d’une pharmacie, plusieurs étapes doivent être complétées. Pour vous aider à comprendre ce processus de développement de produits, il est important de bien connaître les raisons de ces différentes étapes qui composent la recherche scientifique traditionnelle.
Voici les étapes qui se retrouvent dans un processus de recherche (veuillez noter que ces étapes sont les mêmes dans tous les domaines.) :
- Commencer avec une idée;
- Inclure l’analyse de la littérature;
- Élaborer des hypothèses;
- Expérimenter pour affirmer ou démentir les hypothèses de départ;
- Analyser les résultats;
- Tirer des conclusions et
- Recommencer le cycle plusieurs fois si nécessaire.
Domaine de la santé
Lorsque le processus de recherche est utilisé dans le domaine de la santé, deux étapes s’ajoutent avant les études cliniques. Il faut préalablement effectuer des études pharmacologiques et précliniques (qui incluent les études d’innocuité d’un médicament potentiel).
Études pharmacologiques
Ce type d’étude est essentiellement divisé en trois parties. Les voici :
- Il faut déterminer une cible thérapeutique pour un usage clinique précis. Cela peut être un récepteur cellulaire ou une voie métabolique se retrouvant dans l’induction ou le développement de la maladie.
- Une fois que cela est fait, on passe au criblage de divers types de molécules ou de produits biologiques pour trouver ceux ou celles qui seront en mesure de bloquer ou de moduler le processus cellulaire recherché. Ceci permettra d’effectuer une optimisation pour obtenir une molécule comprenant une activité maximale. Il faut aussi s’assurer de la qualité de la source de ces molécules et de leur présence en quantité suffisante.
- Ensuite, deux études prennent le relais parallèlement dans la plupart des cas. La première étudie en profondeur le mécanisme d’action de la molécule pour faire ressortir les effets et conséquences de cette molécule sur la cible thérapeutique. La deuxième permet d’étudier la pharmacocinétique (caractéristiques d’absorptions), de distribution et de métabolisme de la molécule. L’efficacité de cette dernière est alors testée in vitro et in vivo en utilisant des cellules et des modèles animaux reproduisant la maladie ciblée.
Études précliniques
Lorsque toutes les parties liées aux études pharmacologiques sont terminées et que l’efficacité est prouvée, il est temps de procéder aux études précliniques. Celles-ci évaluent les risques potentiels d’utilisation de la molécule. C’est ici que la dose maximale de tolérance de la molécule (risques de la toxicité ou de la non-toxicité) sera déterminée in vitro et in vivo. Selon un protocole bien établi, ce type d’étude évalue aussi l’innocuité de la molécule en calculant son effet sur les différents systèmes (ex. : systèmes respiratoires, systèmes cardiaques et neurologiques, les risques de mutagénèse et de carcinogénicité/cancer).
Selon des démarches très encadrées, la recherche préclinique peut s’effectuer avec l’utilisation des équipements de laboratoire typiques et/ou cellulaires. Étant indispensables pour analyser la toxicité, les mécanismes d’action ou la comparaison entre deux traitements potentiels, les recherches sur les modèles animaux répondent à des critères spécifiques et nécessitent des justifications précises. Lorsque les études de formulations sont démarrées, on pourra définir le profil d’absorption, de distribution, de métabolisme et d’excrétion de la molécule (seule ou en comprimé).
Voici donc en quoi se résument les études pharmacologiques et précliniques. Pour connaître la suite des étapes de la recherche scientifique, ne manquez pas nos prochains articles sur le sujet qui vous expliqueront en quoi consistent les études cliniques, les études épidémiologiques et les standards de qualité liées aux recherches.
Ces informations vous aideront à mieux comprendre les usages justifiables des produits naturels de qualité en considérant les démonstrations scientifiques disponibles. Faites attention aux discours concernant la santé naturelle : la vérité n’est surement pas que tous les suppléments sont bons ou qu’ils sont tous mauvais. Tous ceux et celles qui tiennent ces discours, dans un sens ou dans l’autre, démontrent simplement que :
- Soit ils ne s’y connaissent pas suffisamment pour être en mesure de bien évaluer l’utilité des produits de santé naturels de qualité disponibles sur le marché,
- Soit ils ont des conflits d’intérêts qui biaisent leur discours.
Malheureusement, la qualité des produits sur le marché est très variable et peu de gens en sont vraiment conscients. Ces articles sur la recherche scientifique devraient vous aider à y voir plus clair.
Références :
- Enna, S.J., Norton, Stata. Herbal supplements and the brain: understanding their health benefits and hazards. Pearson Education, Inc. Publishing as FT Press. ISBN 978-0-13-282497-2. 273 pp.
- Kelber, O., Nieber, K., and Kraft, K., 2014. Valerian: No Evidence for Clinically Relevant Interactions. Hindawi Publishing Corporation, Evidence-Based Complementary and Alternative Medicine. Volume 2014, Article ID 879396, 8 pages.
- Lakhan, S.E., and Vieira, K.F., 2010. Nutritional and herbal supplements for anxiety and anxiety-related disorders: systematic review. Nutrition Journal 9:42.
- Omar SH. 2010. Oleuropein in olive and its pharmacological effects. Sci Pharm. 78(2):133-54.
- Servili , M., Sordini, B., Esposto, S., Urbani, S., Veneziani, G., Di Maio, I., Selvaggini, R., and Taticchi, A. 2014. Biological Activities of Phenolic Compounds of Extra Virgin Olive Oil. Review. Antioxidants. 3, 1-23.