Tiré de la préface du livre Vivre jeune DEUX fois plus longtemps (2018).
Présentation de Jean-Yves Dionne, pharmacien.
Pharmacien jouissant d’une notoriété et d’une crédibilité exceptionnelle au Québec, monsieur Dionne est reconnu comme expert en produits de santé naturels (PSN) et interactions possibles avec les médicaments, par de nombreuses organisations professionnelles dans le domaine de la santé.
Il enseigne à la faculté de pharmacie de l’Université Laval, au département de pharmacologie de l’Université de Montréal et en formation médicale continue « Développer l’expertise en produits de santé naturels » à l’Académie de l’apothicaire (www.jydionne.com et www.apothicaire.ca).
De la démocratie à la prévention
Au 15e siècle, une invention entraine un changement radical de la société européenne : l’invention de l’imprimerie par Gutenberg. Cette invention poussera l’arrivée d’une notion révolutionnaire, toute simple pour notre sensibilité contemporaine, mais alarmante pour les puissances de l’époque. Cette notion est la démocratisation du savoir. En effet, l’arrivée de livres plus accessibles permet d’entrevoir une époque où tous les citoyens auront accès à l’éducation. L’imprimerie ouvre la voie à la révolution protestante.
Au 16e siècle, Martin Luther prône une religion dans la langue du peuple et une bible pour chacun. Ce faisant, il crée un schisme avec l’église catholique de l’époque qui prétend que le peuple n’a pas la capacité de comprendre les textes sacrés, et encore moins de les appliquer à sa propre vie.
L’accessibilité du savoir percole dans la société et mène vers une déstabilisation des pouvoirs monarchiques et une amorce de démocratie… non sans heurts.
Aujourd’hui, nous vivons à une époque où ce même débat se reproduit. L’arrivée de l’internet, d’une accessibilité encore plus grande du savoir, accélère l’ouverture de la société. Les ouvrages de vulgarisation scientifique pullulent. La rapidité de diffusion et la possibilité, pour tout un chacun, de pouvoir se former et de poser des questions n’ont pas d’équivalent dans l’histoire.
Comme à l’époque de Gutenberg, les maîtres du savoir voudraient encore nous faire croire que nous n’avons pas la capacité de comprendre ou d’appliquer la science, que seule une certaine éducation permet à l’initié de juger de ce qui est bon pour nous. Hors ces enseignements, point de salut!
Pourtant, nous n’avons qu’à penser aux TED talks, aux différents cours universitaires ouverts à tous ou aux bases de données Open Source pour comprendre qu’il est maintenant possible d’être un autodidacte véritablement connaissant dans des domaines qui ne sont pas notre spécialité. Il est par contre évident que tous ne deviendront pas des spécialistes uniquement en consultant l’information disponible gratuitement. J’aurai beau lire tous les sites sur la chirurgie et écouter toutes les vidéos YouTube sur le sujet, je ne serai pas chirurgien. Par contre, lorsqu’il est question de ma santé, je peux maintenant discuter avec mon médecin ou tout autre professionnel sur un pied d’égalité. Cette mouvance se concrétise dans la popularité du Wellness, de l’antiâge, de l’activité physique individualisée et de tous ces courants de pensée qui commencent par le « peuple ».
Le rôle du professionnel de la santé n’est pas de déterminer ce qui est bien ou ce qui est mal, comme le faisait autrefois le prêtre. Son rôle est plutôt celui d’un guide accompagnant chacun, en tant qu’individu unique, pour l’aider à naviguer dans cette mer d’information souvent contradictoire et truffée de conflits d’intérêts. Le critère de sélection d’un professionnel est maintenant sa capacité à expliquer les tenants et les aboutissants de tel ou tel geste thérapeutique, de l’usage de tel ou tel produit. Il doit être en mesure d’expliquer pourquoi sa recommandation est la bonne, voire la meilleure. L’attitude paternaliste « je sais mieux que vous » n’a plus sa place.
Ce livre d’Éric Simard et Jacques Lambert s’inscrit dans ce mouvement social profond. Une mine d’information sur la santé, sur le vieillissement, basée sur la science la plus rigoureuse et expliquée pour que vous et moi puissions nous faire notre propre idée. Il est rare de trouver un ouvrage accessible qui contient autant d’enseignements applicables dès la première lecture.
Je ne pourrai probablement pas retarder l’heure de ma mort. Je n’ai aucun contrôle sur plusieurs des évènements futurs qui affecteront ma vie. Par contre, les actions que je pose chaque jour sont sous mon contrôle. Ce livre fait partie des outils exceptionnels qui nous aident à bien orienter nos choix pour un chemin de vie long, heureux et en santé.
En diminuant tous les risques connus, les voies métaboliques de vieillissement et pathologiques, nous pouvons éviter le maximum de conséquences néfastes. Parce qu’au fond, l’antiâge, c’est quoi ? C’est la prévention absolue. À ne pas confondre avec la détection précoce (mais ça, c’est une autre histoire).
Bonne lecture!
Jean-Yves Dionne, pharmacien
Apothicaire éclectique