Le seul muscle de notre corps qui ne peut jamais se reposer. Quel phénomène extraordinaire quand on y pense. Il bat pour la majorité des gens, plus d’une fois en moyenne par seconde, toute notre vie. À 1,16 battement en moyenne par seconde, plus de 100 000 par jour, cela équivaut à près de 40 millions de battements par année et 3 milliards de battements pour une vie. Essayez juste de fermer vigoureusement votre main 100 fois durant une minute. Pensez maintenant à le faire durant 85 ans. Vous auriez un bel avant-bras.

Nous avons déjà parlé de l’importance des différentes facettes des saines habitudes de vie sur la santé cardiovasculaire (Février le mois du cœur – parlons santé!) et des bénéfices possibles des suppléments (Par amour du cœur). Ici, je vous parlerai de ma passion, la biologie de la vie.

Le cœur sert à faire circuler les nutriments, les gaz de respiration, les hormones, les déchets, dissiper et réguler la température, de même qu’à acheminer les défenses de l’organisme aux endroits qui en ont besoin. Les premiers cœurs seraient apparus, d’un point de vue évolutif, il y a 500 millions d’années. Il s’agissait simplement d’un tube contractile qui a par la suite évolué vers un organe à quatre chambres fermées (pour les mammifères). Les amphibiens, comme les grenouilles, ont encore un cœur avec un seul ventricule, mais deux oreillettes. Le cœur des poissons est aussi différent.

Le cœur et ses fonctions ont évolué pour devenir très spécifiques à chaque espèce vivante. La grande baleine bleue, le plus gros des mammifères, à un rythme de battement d’environ 20 battements par minute. Chez la souris, cela peut atteindre 500 à 600 battements par minute. Un éléphant, 30 battements par minute. Donc oui, plus c’est gros, moins ça pompe rapidement. Il y a quelques exceptions pour les animaux qui hibernent. Leur cœur peut descendre entre 10 et un battements par minute durant l’hibernation. Le record revient à une grenouille canadienne qui a développé une adaptation remarquable au froid. La rainette crucifère (Pseudacris crucifer pour les intimes) est capable de survivre sous zéro durant une période où son cœur arrête complètement de battre. Cela est possible grâce à deux adaptations : son foie produit du glycogène qui sert d’antigel (jusqu’à -7 degrés Celsius) et ces cellules utilisent alors un métabolisme anaérobie qui ne nécessite pas d’oxygène.

Chez l’humain, le cœur mesure environ 13 centimètres de long par 8 centimètres de large. Les deux côtés du cœur fonctionnent indépendamment l’un de l’autre. Le côté droit reçoit le sang chargé de CO2 et il l’envoie aux poumons pour l’évacuer et être réoxygéné. Le côté gauche reçoit ensuite ce sang fraîchement oxygéné pour l’envoyer dans tout le reste du corps. Étant donné que le cœur est près des poumons, le travail du ventricule droit est moins exigeant que celui du ventricule gauche qui doit pousser le sang des pieds à la tête. Ainsi, les parois du ventricule gauche sont trois fois plus épaisses que celle du ventricule droit. Voici un lien qui permet de voir une animation du cœur en fonction sur le site de la Fondation des maladies du cœur : fonctionnement du cœur.

Pour ce qui est du vieillissement, malheureusement, il vieillit selon les mêmes principes que les autres organes du corps humain. En vieillissant, certaines cellules deviennent dysfonctionnelles et ne sont pas remplacées comme elles auraient dû l’être. Elles deviennent sénescentes et elles se dérèglent. D’autres cellules meurent et ne sont pas remplacées non plus. Ces espaces laissés sans cellules seront alors occupés par des cellules produisant des fibres de collagène (des cicatrices) : les fibroblastes. Il apparaît aussi de la calcification (durcissement) et des dépôts de gras dans certaines parties du cœur. Durant ce processus, le nombre de cellules musculaires, les myocytes, diminue et de façon plus prononcée chez l’homme que chez la femme. Le cœur fonctionne donc de moins en moins bien, il se fatigue plus facilement et les valves sont moins fonctionnelles.

Il y a tout de même une bonne nouvelle! Les études récentes ont clairement démontré que les processus de vieillissement du cœur évoluent à la même vitesse que le vieillissement du reste du corps. Ils ne sont pas reliés à l’âge chronologique, mais bien à l’âge biologique. L’âge biologique est dépendant de la façon dont nous vivons et non pas de l’année de notre naissance. Ainsi, l’âge de notre cœur serait représentatif de la façon dont nous vivons et de l’ensemble de nos habitudes de vie. Il est donc possible de garder notre cœur en santé plus longtemps, pour lui permettre de continuer son travail acharné qui consiste à nous garder en vie.

 

Références :

  • Keller KM, Howlett SE. Sex Differences in the Biology and Pathology of the Aging Heart. Can J Cardiol. 2016;32(9):1065–1073.
  • Site internet de la Fondation des maladies du cœur : https://www.coeuretavc.ca/
  • Stephenson A, Adams JW, Vaccarezza M. 2017. The vertebrate heart: an evolutionary perspective. J Anat. 2017;231(6):787–797.