Saviez-vous que près de 30 % de tous les adultes vont développer un zona dans leur vie ? Et saviez-vous que d’ici l’âge de 85 ans, 50 % de la population en seraient atteints ?

La névralgie post-herpétique (NPH) en est la complication la plus fréquente. Il s’agit de la douleur provoquée par le zona, qui perdure après la guérison de l’éruption. La douleur peut durer plusieurs mois, voire des années et réduit la qualité de vie, en particulier chez les personnes âgées.

L’âge avancé et l’immunosuppression sont les facteurs de risque les plus importants pour le zona et la NPH. Les taux d’incidence de consultation pour zona augmentent davantage autour de l’âge de 50 ans et sont particulièrement élevés après l’âge de 70 ans. La NPH survient chez environ 20 % des adultes atteints de zona et augmente avec l’âge.

Le zona commence souvent par une douleur localisée qui dure quelques jours (4 à 5 jours). Puis la douleur augmente, et se transforme en une éruption cutanée. La douleur devient profonde et constante, et s’accompagne d’une sensation de brûlure et de piqûre. Ce stade aigu dure environ 4 semaines, mais la névralgie post-herpétique peut durer des mois, et même des années.

On estime qu’il y a au Québec, chaque année, environ 27 000 cas de zona, 600 hospitalisations et 10 décès causés par la maladie. La majorité (≈ 80 %) des décès surviennent chez des personnes âgées de 80 ans et plus.

Les impacts sur la qualité de vie peuvent être majeurs : fatigue, anorexie, perte de poids, inactivité physique, insomnie, dépression, anxiété, perte de concentration, réduction des activités sociales, perte des habilitées fonctionnelles comme s’habiller, se nourrir, se déplacer, etc.

La grande question est donc : pouvons-nous prévenir le zona et la névralgie post-herpétique ? La réponse est OUI : l’Immunisation.

Deux vaccins sont disponibles au Canada : le vaccin vivant atténué contre le zona Zostavax homologué en 2008 et le vaccin sous-unitaire Shingrix homologué en octobre 2017. Les deux vaccins sont sécuritaires et efficaces pour réduire l’incidence du zona et de la NPH.

L’efficacité du vaccin vivant atténué à prévenir le zona est d’environ 50 à 70%. Elle diminue avec l’âge à la vaccination et le temps écoulé depuis la vaccination. Selon le fabricant, même chez ceux qui ont reçu le vaccin et qui développeront la maladie, la douleur sera réduite chez 73 % des patients comparé au placebo.

L’efficacité du vaccin sous-unitaire à prévenir le zona est d’environ 90 %, et ce, dans tous les groupes d’âge et elle demeure relativement stable pour au moins 4 ans. La persistance de titres élevés d’anticorps mesurée 9 ans après la vaccination suggère une protection à long terme.

Qui devrait se faire vacciner ? Comme pharmacien, je suggère la stratégie suivante conformément aux recommandations de l’Institut National de Santé publique du Québec (INSPQ):

  • Personnes âgées de 50 ans et plus ET immunodéprimées selon la définition du Protocole d’immunisation du Québec. Ces personnes ont un risque élevé de développer le zona et la NPH. À la différence du vaccin vivant, le nouveau vaccin inactivé, Shingrix, n’est pas contre-indiqué chez les personnes immunodéprimées;
  • Personnes âgées de 65 ans et plus;
  • S’il n’est pas possible de viser l’ensemble des personnes âgées de 65 ans et plus, le Conseil Interprofessionnel du Québec (CIQ) recommande d’offrir la vaccination aux personnes âgées de 70 ans et plus. Dans ce groupe d’âge, le risque du zona et celui de la NPH sont particulièrement élevés. La vaccination dans ce groupe d’âge permettra une réduction plus rapide du fardeau de la maladie;
  • Personnes âgées de 50 à 64 ans. Le fardeau du zona commence à augmenter à ces âges, sans être encore maximal. Des données d’efficacité vaccinale sont disponibles chez les 50 ans et plus pour un minimum de 4 ans. Par contre, la durée de l’efficacité vaccinale pourrait être un enjeu pour ce groupe d’âge, particulièrement pour le vaccin vivant atténué. Après 4 ans, il n’est pas encore déterminé si une revaccination serait indiquée, et effectivement une injection additionnelle pourrait être nécessaire;
  • L’état des connaissances actuelles ne permet pas de formuler de recommandations pour les personnes âgées de moins de 50 ans;

Conclusion

Considérant que le risque de contracter le zona augmente avec l’âge, et étant donné les inconvénients majeurs des symptômes qui en découlent, je crois que les patients doivent être informés par les professionnels de la santé que des vaccins sont disponibles à cet effet.

Consultez votre médecin ou pharmacien pour savoir si un vaccin serait recommandé pour vous ou s’il y aurait une contre-indication dans votre cas.