La ménopause est un phénomène incontournable marqué par une altération des niveaux hormonaux. Ces niveaux et leurs variations journalières varient d’une femme à l’autre. La qualité du sommeil, l’ali­mentation, le niveau d’activité physique et la gestion du stress et de l’anxiété sont tous des facteurs qui modifient leurs niveaux et ainsi, les symptômes et l’augmentation des risques de maladies associées à la ménopause.

Les maladies cardiovasculaires sont la principale cause de décès chez les femmes, qui présentent une augmentation notable de risque à la suite de la ménopause. L’Association américaine du cœur a émis un avis scientifique en décembre 2020 portant sur la ménopause et les risques de maladies cardiovasculaires. Les résultats soulignent la transi­tion vers la ménopause en tant que période d’accélération du risque de maladie cardiovasculaire, dévoilant l’importance de la surveillance de la santé des femmes pendant la quarantaine, une période critique pour l’application de stratégies d’intervention précoce pour réduire ce risque.

L’âge moyen de la ménopause (12 mois sans menstruation) dans les sociétés occidentales est de 50 ans, mais elle survient généralement entre 42 et 56 ans (10 % avant 45 ans, 1,9 % avant 40 ans). L’apparition des symptômes et leur fréquence ou intensité, particulièrement les symptômes vasomoteurs (bouffées de chaleur), sont corrélées avec l’augmentation des risques de maladies comme le syndrome métabo­lique et les maladies cardiovasculaires.

Malheureusement, la majorité des femmes ignore cet aspect important et les approches de préven­tion pouvant être considérées

Une méta-analyse récente considérant 310 000 femmes à travers 32 études a rapporté que les femmes de moins de 40 ans ayant des symp­tômes de ménopause auraient un risque accru de maladies cardiovascu­laires. Les conclusions sont qu’il y a 50 % plus de risques de maladies car­diovasculaires et 23 % plus de risques d’accident vasculaire cérébral (AVC).

En plus des bouffées de chaleur, les troubles du sommeil et de dépres­sion, souvent tous trois reliés, sont aussi corrélés à l’augmentation des risques de maladies cardiovasculaires. Même chez les femmes dont les symptômes apparaissent plus tard, après 50 ans, les risques de maladies cardiovasculaires augmentent et sont corrélés à l’intensité des symptômes.

Les saines habitudes de vie sont à prioriser pour la réduction des risques de maladies cardiovasculaires et des symptômes de la ménopause. Trois séances de 30 minutes par semaine d’une activité physique intense (du­rant laquelle vous avez de la difficulté, voire une impossibilité à discuter) aideraient à diminuer ce risque.

Outre l’activité physique intense, l’alimentation est sûrement un deu­xième facteur à considérer. La consommation de flavonoïdes de soya est particulièrement intéressante. Trois flavonoïdes sont responsables de la réduction des symptômes de ménopause : la génistéine, la glycitéine et la daidzéine. Les isoflavones de soya ont longtemps été suspectées d’augmen­ter les risques de cancers hormonaux, toutefois, ce serait plutôt l’inverse. La consommation de soya a même un effet préventif sur les cancers hormo­nodépendants et sur les risques de maladies cardiovasculaires.

D’autres traitements naturels peuvent aussi être considérés. L’actée à grappes noires favorise le soulagement naturel des bouffées de chaleur, des sueurs nocturnes, de l’insomnie et autres symptômes ménopausiques. Plusieurs études cliniques sur cette plante sont positives, mais la qualité des produits serait un facteur important à considérer.

L’hormonothérapie peut être indiquée dans les cas où les symptômes ménopausiques sont sévères au point de nuire aux activités quotidiennes et dont ils ne sont pas soulagés par d’autres mesures. Pourtant, la prise d’hor­mones est contre-indiquée dans plusieurs cas, y compris pour les femmes qui ont des antécédents de maladies cardiovasculaires.

La ménopause est un processus biologique naturel, mais elle est dif­férente pour chaque femme. De nombreux symptômes disparaîtront avec le temps, mais s’ils posent des problèmes, plusieurs traitements peuvent vous aider à vous sentir mieux. Parlez à votre médecin avant de commencer tout traitement.

 

Publié initialement dans la revue MONTRÉAL enSANTÉ Magazine, édition Printemps 2021.

 

 

Références:

  • El Khoudary SR et al, 2020. American Heart Association Prevention Science Committee of the Council on Epidemiology and Prevention; and Council on Cardiovascular and Stroke Nursing. Menopause Transition and Cardiovascular Disease Risk: Implications for Timing of Early Prevention: A Scientific Statement From the American Heart Association. Circulation. 2020 Dec 22;142(25):e506-e532
  • Mehrpooya et al, 2018. A comparative study on the effect of “black cohosh” and “evening primrose oil” on menopausal hot flashes. J Educ Health Promot. 2018 Mar 1;7:36
  • Taulant et al, 2016. Association of Age at Onset of Menopause and Time Since Onset of menopause With Cardiovascular Outcomes, Intermediate Vascular Traits, and All-Cause Mortality. JAMA Cardiology, 2016;1(7):767-776
  • Zhang et al, 2017. Dietary isoflavone intake and all-cause mortality in breast cancer survivors: The Breast Cancer Family Registry. Cancer. 2017 Jun 1;123(11):2070-2079.