Certains retraités semblent heureux et épanouis. D’autres semblent malheureux, aux prises avec de la déprime ou de l’anxiété. Celles et ceux moins heureux sont-ils condamnés à le rester jusqu’à la fin de leurs jours? Bien sûr que non! Nous avons plus de pouvoir que nous pensons sur notre état mental. Il est possible de créer des moments de bonheur quand on sait réunir les ingrédients nécessaires! Quels sont-ils?

Les éléments de réponse ci-dessous proviennent des recherches menées notamment par le psychologue états-unien Mihaly Csikszentmihalyi. Ce chercheur s’est intéressé à un phénomène psychologique qu’il a nommé flow experience. En français, le terme est traduit par « expérience optimale » ou « expérience flot ». Il s’agit d’un état d’enchantement, de bien-être au cours duquel tout semble s’écouler facilement. Cet état s’apparente à un état de bonheur, état que les gens recherchent.

Ingrédient no 1 : un bon mariage entre défi et habileté

Une activité-bonheur, règle générale, comporte un défi (c’est-à-dire un certain degré de difficulté) et exige une habileté. Voici des exemples.

Marise cuisine un repas pour elle et une amie qui lui rendra visite ce soir. Elle a choisi de réaliser une nouvelle recette. Marise vit un moment très agréable, voire de bonheur, en cuisinant le repas. Pourquoi? Parce que cette activité, tout en étant réalisable, comporte un défi et exige des habiletés : réunir les ingrédients, mettre les bonnes quantités, dans le bon ordre, respecter le temps de cuisson, bien assaisonner, ajouter sa touche personnelle, etc. Cuisiner est un art! L’activité comporte donc un défi, et Marise possède les habiletés nécessaires pour le relever.

Si la recette avait été trop simple, Marise aurait trouvé la préparation du repas peu stimulante, à la limite ennuyante. Si la recette avait présenté un degré de difficulté excessif, elle aurait éprouvé un déplaisir, voire du stress, pendant la tâche. Bref, une activité-bonheur offre un bon équilibre entre défi et capacité pour la réaliser. Méfions-nous donc de la facilité, synonyme de défi insuffisant.

Ingrédient no 2 : attention à la concentration!

Règle générale, une activité-bonheur mobilise toute notre concentration. Des exemples?

Jean-Pierre adore photographier des oiseaux en forêt. Lorsqu’il s’adonne à cette activité, il est complètement immergé dans cette activité qui exige doigter et sens de l’esthétisme.

Carole, une passionnée de la peinture, est en train de peindre une toile. Elle est complètement absorbée par ce qu’elle fait.

Pendant ce temps, son conjoint, Raynald, est en train de rédiger un petit livre sur l’histoire de sa ville natale. Il est pleinement plongé dans son activité.

La concentration de ces personnes est mobilisée, car ils utilisent des habiletés afin de réaliser une tâche comportant un degré de difficulté suffisant, donc un défi.

Conseil du psy : pour mieux vous concentrer sur ce que vous faites, coupez les sources de distraction comme la sonnerie du téléphone, votre messagerie électronique, les notifications, etc.

Ingrédient no 3 : un objectif clair et de la rétroaction

Une activité-bonheur présente, en temps normal, un objectif clair. Voici des exemples : Marise veut cuisiner un repas savoureux. Carole veut reproduire un tableau le plus fidèlement possible. Raynald veut rédiger un livre facile à lire et intéressant.

De plus, l’activité-bonheur fournit habituellement une rétroaction en continu. Dans le cas de Raynald, occupé à rédiger un livre, il voit au fur et à mesure s’il s’approche ou non de son objectif : « Ce paragraphe manque de clarté; je dois l’améliorer », « L’introduction de ce chapitre me semble vraiment accrocheuse; elle me plaît! », « Il manque un lien entre ces deux paragraphes ».

Clarté et rétroaction : deux mots à retenir!

Ingrédient no 4 : adieu distraction!

Si l’activité comporte un défi, qu’elle exige des habiletés et mobilise toute notre attention, alors il n’y aura plus de place pour la distraction! Voici des exemples.

Roland apprend de nouveaux pas de danse à son cours de salsa. Il est très concentré pendant qu’il essaie de maîtriser les nouveaux pas. Il est tellement occupé à apprendre qu’il n’y a plus de place dans son esprit pour penser à des tracas, comme sa dispute récente avec son fils.

Quand Suzanne travaille dans son jardin potager, elle ne pense plus à rien d’autre que ce qu’elle fait. Sa prochaine mammographie, source d’inquiétude, n’habite pas ses pensées pendant le jardinage.

Bref, lors d’une activité-bonheur, il n’y a plus d’espace dans notre psyché pour nos problèmes, petits ou grands. Seule la tâche occupe notre esprit. Pour certaines personnes, il s’agit presque d’une thérapie!

Ingrédient no 5 : la conscience du « je » disparaît

Si l’activité-bonheur mobilise suffisamment notre attention, il n’y a plus de place dans notre esprit pour des préoccupations nous concernant.

Un exemple : quand Jacqueline travaille dans son parterre de fleurs, elle est si absorbée par son activité qu’elle ne se préoccupe pas de quoi elle a l’air. Elle ne pense pas à la sueur sur son visage en travaillant ni à ses mains pleines de terre. Aussi, il lui arrive de ne pas sentir la faim et d’oublier d’aller manger, tellement elle est absorbée par son jardinage. Autrement dit, elle ne pense plus à son « je ». Elle ne fait qu’un avec son activité de loisir.

Ingrédient no 6 : la notion du temps s’envole

Une activité-bonheur nous fait perdre non seulement la conscience de nous-mêmes, mais aussi la notion du temps! Voici deux exemples.

Nicole, 74 ans, est grand-mère de deux petits-enfants. Quand elle patine ou joue aux cartes avec eux, elle en oublie le temps qui passe. Une heure passée à jouer avec ses deux trésors semble durer tout au plus 10 minutes!

Louis, professeur de français à la retraite, corrige les lettres de motivation de sa fille en recherche d’emploi. Quand il s’attaque à un texte pour l’améliorer, Louis ne voit pas le temps passer!

Des activités qui nous font perdre la notion du temps gagnent à être prévues à notre agenda, puisqu’elles amènent souvent dans un état de bien-être.

En conclusion

Les états s’apparentant à celui du bonheur sont accessibles à tous. Pour vivre un état de bonheur et d’enchantement, nous gagnons à entreprendre une activité qui :

1) comporte un défi et sollicite les habiletés appropriées;
2) exige de la concentration;
3) comporte un objectif clair et offre une rétroaction en continu;
4) fait disparaître toute distraction;
5) nous fait perdre la conscience de nous-mêmes;
6) nous fait perdre la notion du temps.

Si vous avez l’impression de vivre peu d’expériences de bonheur, je vous suggère d’essayer de nouvelles activités. Ce peut être d’apprendre une langue, suivre des cours de piano ou de guitare, vous joindre à une chorale, créer un album de photos, etc. Bref, lancez-vous des défis!

Seriez-vous capable de nommer trois de vos activités-bonheurs? Merci de nous en faire part ci-dessous!

 

Stéphane Migneault
Psychologue, auteur et conférencier
P.-S. – La psychologie du bonheur vous intéresse? J’anime sur invitation une conférence qui s’intitule : Bien choisir ses loisirs pour améliorer sa santé psychologique. C’est toujours pour moi une réelle activité-bonheur que d’animer cette conférence!

 

 

 

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