L’approche fonctionnelle en physiothérapie.

Lorsque l’on pense à la physiothérapie, nous avons souvent en tête l’image d’une approche orthopédique. La consultation se fait à la suite d’une blessure, afin de pouvoir gérer la douleur et retrouver la mobilité nécessaire à nos activités.

Lorsque l’on utilise la physiothérapie auprès d’une clientèle âgée ou en perte d’autonomie, il est préférable de préconiser une approche fonctionnelle. L’article suivant vous expliquera en quoi cela consiste et comment cela se différencie de ce que l’on connaît.

Tout d’abord, l’objectif premier de la physiothérapie avec une approche fonctionnelle est de maintenir ou améliorer les capacités physiques de la personne pour lui permettre d’atteindre son plus haut niveau d’autonomie. En d’autres termes, nous voulons que la personne puisse continuer à être la plus indépendante possible dans des activités de tous les jours telles que la marche et l’utilisation des escaliers. Pour aider à cette indépendance, en plus des exercices, les professionnels enseigneront et donneront des recommandations sur l’utilisation de différents équipements dans le domicile qui permettront au client de conserver le plus d’autonomie possible. Finalement, il y a un aspect très préventif dans l’approche fonctionnelle à la physiothérapie. Les professionnels travailleront en amont avec des clients afin d’éviter le déconditionnement et garder les gens à domicile le plus longtemps possible dans les meilleures conditions possibles.

Un peu différent de ce que vous connaissiez de la physiothérapie n’est-ce pas? Ne vous en faites pas, cette approche est davantage retrouvée en milieu hospitalier ou en CLSC. Cela étant dit, considérant que la population vieillit, il est de plus en plus important que cette approche soit connue et répandue.

Cas typique

Il est important de considérer que la clientèle gériatrique nous arrive souvent avec des atteintes plus importantes à leurs capacités physiques que la clientèle orthopédique et qu’elle a souvent des diagnostics sous-jacents. Voici à quoi pourrait ressembler une intervention.

Une femme de 75 ans décide de nous consulter après une chute qui l’a gardée au sol pendant plusieurs heures avant que quelqu’un ne la retrouve dans cette position. Lors de l’entretien téléphonique, nous dénotons quelques signes de confusion et la dame nous indique qu’elle a de la difficulté à rester debout longtemps.

Lors des interventions, voici ce que nous voudrons adresser :

  • Réduire les risques de chutes et de blessures qui peuvent en découler
  • Vérifier l’impact de ses troubles cognitifs sur son apprentissage et son autonomie
  • Améliorer la force musculaire de la cliente
  • Améliorer l’équilibre de la cliente

Comment est-ce que nous nous y prendrons?

Tout d’abord, nous nous assurerons que son environnement de vie est sécuritaire et qu’il répond à ses besoins.

Par exemple:

  • Est-ce que la cliente a des mains courantes pour se déplacer dans la maison?
  • Est-ce que la cliente a une barre d’appui dans la douche?

Ensuite, nous ferons une évaluation de sa condition générale.

Par exemple :

  • La cliente ressent-elle des douleurs? (Où? Durant quelles activités?)
  • Dans quel contexte les chutes sont-elles survenues?
  • Est-ce que l’amplitude de certains mouvements est limitée?
  • Est-ce qu’il y a des faiblesses au niveau de certains groupes musculaires?
  • La cliente présente-t-elle des troubles d’équilibre?
  • Est-ce que la cliente présente des signes de troubles cognitifs et quels sont les impacts sur son apprentissage et son autonomie?

Pour continuer, nous ferons l’observation de ses capacités physiques lors de différentes activités.

Par exemple :

  • Est-ce que la cliente a de la difficulté à se lever d’une chaise?
  • Est-ce qu’elle démontre de la difficulté lorsqu’elle marche sur différentes distances et surfaces?
  • A-t-elle de la difficulté à monter ou descendre des escaliers?
  • A-t-elle de la difficulté à entrer et sortir du bain?

Finalement, nous élaborerons un plan de traitement avec la cliente pour l’aider à atteindre ses objectifs.

Puisque la cliente a pris la décision de consulter après avoir été au sol pendant plusieurs heures, la pratique du « relevé du sol seule » serait probablement un des premiers objectifs fixés. Sous forme d’exercices, le professionnel démontrera à la cliente la façon adéquate et sécuritaire de se relever du sol en cas de chute. Il lui fera pratiquer la séquence de mouvements à plusieurs reprises afin que la cliente développe un automatisme. De cette façon, si l’événement se reproduit, la cliente pourra enchaîner la séquence sans trop y penser afin de pouvoir rapidement appeler à l’aide au besoin. Additionnellement, afin de diminuer le risque de chute, le professionnel intégrera des exercices d’équilibre et de renforcement musculaire aux séances. Si des troubles cognitifs sont présents, le professionnel adaptera son approche afin de répondre adéquatement aux besoins de la cliente. Il la référera si nécessaire.

L’autonomie complète n’est pas nécessairement l’objectif visé. Peu importe les capacités physiques, le but est de les optimiser afin que chaque personne puisse jouir de la meilleure qualité de vie possible. L’approche fonctionnelle en physiothérapie prône le maintien de la dignité et des capacités, et ce, pour tous.

 

Sarah Morin Propriétaire/TRP