En 2019, une étude canadienne a fourni des données très intéressantes en lien avec la dépression. Durant cette étude, 27 162 Canadiennes et Canadiens âgés de 45 à 85 ans ont été rencontrés. Les chercheurs ont recueilli des données sur plusieurs variables telles que la dépression (la variable dépendante à l’étude), l’âge, l’état civil, la consommation de fruits et légumes, etc. Ils ont effectué des calculs statistiques à l’aide de données transversales, prises à un même moment précis, et non pas à divers moments dans le temps.

Voyons ce qui en est ressorti!

Consommation de fruits et de légumes

Les chercheurs ont noté que le risque de dépression était plus élevé chez les participants consommant une faible quantité de fruits et légumes. Alors que pour les hommes qui consommaient de 3 à 6 portions par jour, on constatait des risques réduits.

Cela n’est pas étonnant lorsque nous savons qu’en 2013, une méta-analyse (l’analyse d’un grand nombre d’études publiées) avait démontré qu’une alimentation saine, chez les adultes, était associée à une plus faible probabilité de souffrir de dépression (Lai et al., 2013). D’après une autre méta-analyse, aussi publiée en 2013, le régime méditerranéen, qui met de l’avant une alimentation riche en fruits et légumes, diminuerait de 30% les risques de vivre une dépression (Psaltopoulou et al., 2013).

Les auteurs de l’étude canadienne soulignent qu’il existe des mécanismes d’action pouvant expliquer l’influence de la consommation de fruits et légumes sur l’humeur. Voici un bon exemple : les fruits et les légumes procurent des composés ayant des propriétés anti-inflammatoires. D’un autre côté, nous savons que la dépression est liée à des marqueurs d’inflammation.

Un mécanisme d’action qui n’est pas abordé dans cette étude : l’influence des fruits et légumes sur nos bonnes bactéries intestinales (microbiote). En effet, les fruits et les légumes nous fournissent des fibres, aussi appelés des prébiotiques, qui nourrissent les bonnes bactéries logées dans notre intestin. Ces bonnes bactéries, lorsqu’elles sont correctement nourries, produisent des molécules chimiques bénéfiques pour la santé, dont certaines aideraient à combattre l’inflammation.

Certaines études ont permis de démontrer un lien entre le déséquilibre du microbiote et des problèmes psychiques (ex. : la dépression). Des expériences menées chez des rongeurs ont permis de montrer qu’une amélioration ou une détérioration du microbiote se traduisaient par des changements, favorables ou défavorables, sur le plan du comportement.

D’autres facteurs associés à la dépression?

L’étude a aussi permis, grâce aux analyses statistiques, de démontrer le lien entre la dépression et d’autres variables. En voici un résumé :

  • Les collations salées – transformées et trop salées – et les jus de fruits purs sont associés à la dépression chez les femmes.
  • On remarque que les personnes vivant avec de la douleur chronique ou une maladie chronique avaient une plus forte probabilité de souffrir de dépression. Des exemples de maladies chroniques considérées dans l’étude : maladie de Crohn, migraine, maladie cardiaque, épilepsie, migraine, arthrite rhumatoïde, etc.
  • Sans affirmer qu’il faut absolument être en couple pour être heureux, les hommes en couple seraient moins susceptibles de souffrir de dépression.
  • Le niveau d’études (scolarité) serait une variable associée à la dépression. Plus précisément, les femmes n’ayant pas terminé leurs études secondaires seraient plus susceptibles de vivre une dépression, alors que les hommes verraient leur risque réduit s’ils ont complété des études postsecondaires.
  • Pour les femmes, un plus grand nombre de facteurs sembleraient liés à la dépression. Les chercheurs proposent l’hypothèse selon laquelle les femmes seraient plus sensibles à l’inflammation et aux réponses auto-immunes qui augmentent les risques de dépression.

Conclusion

L’étude ne permet pas de conclure que la consommation de fruits et de légumes combat la dépression, mais divers mécanismes biologiques aident à expliquer le possible effet de l’alimentation sur la dépression et l’humeur. Il est intéressant de se rappeler que certains régimes alimentaires mettant en vedette fruits et légumes, tels que le régime méditerranéen, ont été liés à une diminution du risque de dépression.

 

Rédigé par : Stéphane Migneault, psychologue

Vulgarisation scientifique : Stéphanie Paré

 

Référence :

  • Davidson, K. M., Lung, Y., Lin, S. Tong, H. et al. (2019). Depression in middle and older adulthood: the role of immigration, nutrition, and other determinants of health in the Canadian longitudinal study on aging. BMC Psychiatry, 19, 239.