Bien que la vitamine B12 soit reconnue comme « hydrosoluble », elle ne s’élimine pas automatiquement dans l’urine mais s’accumule dans plusieurs organes (foie, reins, moelle osseuse, etc.). Malgré tout, les carences en B12 sont très répandues. On parle d’environ 39 % de la population en général, et beaucoup plus chez les végétaliens, végétariens et personnes âgées.

La B12 est surtout présente dans les aliments d’origine animale, viande, volaille, poisson, œufs et produits laitiers, etc. Il s’agit d’une vitamine importante, puisqu’elle est nécessaire notamment au métabolisme des lipides et des protéines. La synthèse de la myéline (gaine des nerfs) implique aussi la vitamine B12. Un des problèmes avec celle-ci, est que les manifestations d’une déficience sont d’abord peu spécifiques et plutôt légères :

  • fatigue, faiblesse, troubles de l’appétit, pertes d’équilibre, troubles du sommeil, etc.

Cependant, si la carence en B12 n’est pas détectée à temps, certains symptômes sont graves et irréversibles tels que :

  • perturbation de la formation des neurotransmetteurs et des hormones pouvant conduire à des déséquilibres psychiques et cognitifs,
  • augmentation du taux d’homocystéine pouvant être à l’origine de maladies cardiaques, maladies circulatoires (ex : démence vasculaire),
  • dégradations neurologiques pouvant causer des picotements ou douleurs inexplicables, problèmes de coordinations, etc.

Dans certains cas, des symptômes sévères tels l’artériosclérose, l’infarctus, l’AVC, la paralysie, l’incontinence et plusieurs autres symptômes peuvent être associés à une carence en vitamine B12.

Lorsqu’on arrive à la cinquantaine et plus, il est généralement reconnu que le risque de carence en B12 est augmenté :

  1. Le régime alimentaire des personnes âgées n’est généralement pas très varié, leur appétit faible, et donc l’apport en B12 en est diminué d’autant.
  2. L’organisme des personnes âgées a une certaine difficulté à bien absorber la B12. La gastrite atrophique touche environ 10 à 30 % des personnes âgées, et se traduit notamment par une diminution d’acidité gastrique, indispensable pour l’absorption de la B12.
  3. Le stress, la cigarette, l’usage d’alcool et autres drogues, le café à haute dose, le sucre à haute dose, et certains médicaments, notamment tous les antiacides, la Metformine, certaines hormones, etc., sont d’autres facteurs diminuant l’absorption de la vitamine B12.

En conclusion, il est clair que les personnes âgées devraient avoir une vérification annuelle de leur taux de B12, consommer des aliments concentrés en B12 ou enrichis en B12, et/ou prendre des suppléments qui en contiennent. Dans les cas plus graves, certains médecins traiteront les carences en B12 par des injections intramusculaires. Comme pharmacien, je dirais que la prise « per os » de la B12  (voie orale) est généralement aussi efficace que les injections.

Vous voulez mon avis ? Je pense qu’une dose de vitamine B12 par voie orale entre 1000 et 2000 mcg/jour devrait être donnée d’office à toutes les personnes âgées, considérant qu’il n’existe pas, à ce jour, de cas de toxicité engendrée par quelque dose que ce soit de vitamine B12. Considérant que les suppléments en B12 sont sécuritaires, efficaces, et peu dispendieux, comment pourrions-nous justifier de ne pas les recommander à nos patients? Ainsi, certaines séquelles irréversibles pourraient être évitées.

Deux nutritionnistes québécoises, Lucie Bergeron et Francine Pouliot, ont analysé les concentrations de vitamine B12 chez 126 personnes âgées lors de leur admission dans leur CHSLD (CHSLD Ladouceur). Le constat est frappant : 100 % des patients présents à l’unité des troubles liés à la démence avaient un taux de B12 inférieur à 185 pmol/l, dont 43 % un taux de moins de 110 pmol/l. Pour moi, la carence en vitamine B12 est très sous-estimée et sous-diagnostiquée.

De plus, Santé Canada recommande aux personnes de plus de 50 ans de consommer des aliments enrichis de vitamine B12 ou de prendre un supplément de vitamine B12. Les aliments riches en B12 :

  • Les viandes, volailles et notamment les abats (bœuf, veau, agneau) et le lapin.
  • Les crustacés et mollusques, surtout les huîtres et les moules.
  • Les poissons, en particulier les maquereaux, les sardines, la truite, le thon.
  • Les fromages (emmental, camembert) et les produits laitiers.
  • Les œufs, mais en moindre quantité.
  • Certaines boissons de soya ou de riz sont enrichis.

N.B. : Il est tout de même recommandé de réduire la consommation de viande rouge à seulement quelques fois par mois. Donc, il faudrait privilégier les autres aliments riches en vitamine B12.

Consultez le tableau de la valeur nutritive sur l’étiquette d’un aliment pour savoir s’il est enrichi en vitamine B12. Le but d’un article comme celui-ci, est de prévenir ces carences relativement courantes.

Voulez-vous vraiment risquer de manquer de B12 ?

Poser la question, c’est y répondre…