Dans le premier texte, j’ai abordé l’alimentation des peuples préhistoriques, durant l’évolution humaine, pour souligner qu’un grand nombre de maladies de notre époque serait relié à nos changements récents au niveau de notre alimentation. L’apport plus important en aliments transformés et en glucides est certainement responsable d’une forte proportion des maladies métaboliques modernes.

Nous continuerons donc notre réflexion sur cette alimentation kéto qui s’inspire du passé.

Les lipides : une source d’énergie abondante et efficace

Même si les glucides demeurent une bonne source d’énergie, il n’est pas possible d’emmagasiner de l’énergie sous forme de glucides. C’est pourquoi les glucides non utilisés deviennent du glycogène, qui peut être utilisé rapidement au besoin.

Cependant, il faut tenir compte que ce glycogène ne nous fournit de l’énergie que pour quelques heures, voire une journée au maximum. Le reste des glucides non utilisés est alors stocké sous forme de graisses, en attendant les périodes creuses sur le plan alimentaire que vivaient nos ancêtres. De nos jours, avec l’abondance alimentaire des pays industrialisés, ces graisses peuvent s’accumuler et générer des gains de poids en plus d’autres problèmes métaboliques.

Outre le glycogène, les autres sources d’énergie utilisées par l’organisme sont les protéines (muscles) et les lipides (masse graisseuse). Or, une fois que notre corps a presque épuisé sa réserve de glycogène, il ne veut pas trop utiliser nos protéines, afin d’éviter la perte musculaire qui nous empêcherait de poursuivre nos activités.

Ainsi, lors de périodes de disette alimentaire ou de réduction des glucides, les lipides constituent la source d’énergie la plus abondante et la plus efficace. Par exemple, une personne de 70 kg avec 10% de masse graisseuse, ce qui n’est pas beaucoup, dispose d’environ 60 000 kcal en réserve et pourrait, dans de bonnes conditions, vivre 30 jours sur cette réserve d’énergie sans manger une bouchée.

Les cétones et les besoins du cerveau

Le mot cétogène, ou ketogenic en anglais, vient de cétones ou ketones. Les cétones sont des molécules produites par le foie, à partir de nos réserves de gras qui agissent comme source de carburant lorsque notre organisme manque de glucose.

En effet, certaines cellules de notre corps, comme celles du cerveau, n’ont pas la capacité d’utiliser les lipides directement en l’absence de glucose.

C’est pourquoi l’être humain a évolué en développant une autre source d’énergie pour le cerveau, qui provient des fameuses cétones ou corps cétoniques. Ainsi, lorsqu’une personne manque de glucose, un signal est envoyé au foie, pour qu’il prenne les gras stockés et en transforme une partie en cétones afin de nourrir le cerveau qui en raffole.

Selon certaines recherches, le cerveau pourrait fonctionner normalement, et même mieux, avec jusqu’à 60% de cétones comme carburant.[i] Bien entendu, il aura toujours besoin d’un peu de glucose, mais, heureusement, nous pouvons en produire sans manger des aliments forts en glucides, c’est-à-dire à partir de protéines, et même à partir du glycérol qui vient de la décomposition des lipides emmagasinés.

Le plus intéressant dans tout ça, c’est que les corps cétoniques, en plus d’être un carburant d’exception utilisable par le cerveau, produisent moins de déchets (radicaux libres) lorsqu’ils sont brûlés. On attribue aux corps cétoniques une multitude de bénéfices, dont certains sont bien démontrés (anti-inflammatoire, antidouleur, énergisant, stimulant cognitif, stabilisation de l’humeur et autres)[ii]. Les deux conditions qui permettent d’augmenter la production de cétones sont le jeûne prolongé (48 heures et plus) ou une diète cétogène très faible en glucides, qui contient 20 grammes et moins de glucides par jour sur plusieurs jours.

Les aliments bios en kéto : un choix qui va de soi!

Adopter un régime alimentaire Kéto exige cependant de choisir minutieusement ses aliments. En effet, puisque les matières grasses deviennent une source primordiale de notre énergie, il faut éviter les contaminants de toutes sortes en se tournant le plus possible vers celles qui proviennent d’aliments issus d’élevages et de cultures biologiques.

Par exemple, en ce qui concerne les produits d’origine animale, les choisir avec une certification biologique offre la garantie qu’elles sont produites sans l’usage d’hormones de croissance et d’antibiotiques, ce qui augmente, de façon générale, la qualité des gras que nous consommons. Ce choix vaut autant pour les viandes que pour les produits laitiers.

Pour les produits d’origine végétale, le fait que le mode de production biologique interdit l’utilisation d’engrais et de pesticides chimiques de synthèse, ainsi que d’OGM, représente un avantage indéniable dans la consommation de ce type de produits, en réduisant grandement la présence des contaminants dans l’alimentation.

De façon générale, on peut dire que de choisir des produits bios dans un régime kéto, permet de consommer uniquement des produits qui contribueront à aider l’équilibre de notre métabolisme, tout en prenant soin de notre santé.

Par ailleurs, dans un régime kéto, comme dans toute forme d’alimentation, il faut éviter, dans toute la mesure du possible, les aliments ultratransformés et l’ajout d’ingrédients indésirables dans les aliments, comme les agents de conservation synthétiques et les colorants artificiels.

On ne s’imagine pas ce qu’un aliment tout simple peut contenir lorsqu’on ne consulte pas les étiquettes des emballages! Encore là, les aliments biologiques nous offrent plusieurs garanties à cet égard, en évitant le recours à toute substance synthétique néfaste pour notre santé.

Voir les choses autrement

Il est grand temps qu’on révise nos habitudes et que l’on remette en question les contenus des guides alimentaires, à la lumière des observations récentes sur la santé de nos populations.

Mes connaissances et mes observations me portent à croire qu’il faut désormais considérer plus sérieusement la possibilité d’adopter davantage un type d’alimentation qui se rapproche de celui de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs.

Dans cette optique, le régime cétogène et biologique est sans doute celui qui peut nous aider le mieux à miser sur les effets positifs des gras dans notre alimentation, en les transformant en partie en cétones, pour servir de carburant d’exception utilisable par le cerveau tout en produisant moins de déchets ou radicaux libres. Cet état permet aussi la réduction et même dans certains cas, le renversement des maladies chroniques comme l’obésité et le diabète de type 2[iii].

 

Références :

[i]https://savoirs.usherbrooke.ca/bitstream/handle/11143/10569/Courchesne_Loyer_Alexandre_PhD_2017.pdf?sequence=1&isAllowed=y

[ii] https://www.sciencedirect.com/topics/neuroscience/ketone-bodies

[iii] Dashti HM, Mathew TC, Khadada M, Al-Mousawi M, Talib H, Asfar SK, et al. Beneficial effects of ketogenic diet in obese diabetic subjects. Mol Cell Biochem. 2007; 302:249–56

 

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