N.B. Dans cet article, par régimes, je ne sous-entends pas seulement les « diètes » de perte de poids, mais aussi les modes et les recommandations en nutrition d’une façon générale.

Non seulement pour ceux qui adhèrent aux régimes, soit monsieur et madame Tout-le-monde, mais je me permets aussi d’inclure les différents professionnels de la santé (je ne me ferai pas d’amis ici) qui en font la promotion avec, j’en conviens, les meilleures intentions du monde. Vous savez, on dit que l’enfer est pavé de bonnes intentions.

Ces régimes qui ont porté plusieurs noms au fil des années

Cétogène, jeûne intermittent, méditerranéen, paléo, végétalien : ce ne sont pas les options qui manquent. On les appelle parfois régimes, parfois diètes, parfois modes de vie, mais ils suggèrent tous néanmoins la même chose : manger selon des règles précises en favorisant des aliments, en évitant certains autres, pour en retirer des résultats positifs sur la santé et, très souvent, sur la perte de poids. Manger moins d’aliments ultra-transformés. Éviter les sucres ajoutés. Ce sont tous des conseils qui, effectivement, peuvent influencer positivement la santé d’une population. Cependant, est-ce que le discours actuel en nutrition aide vraiment la population à long terme, dans la vraie vie? Ici, je veux vraiment porter votre attention sur cette nuance si importante : le long terme et la vraie vie, et non un contexte d’études cliniques. Quel est réellement le produit final sur la santé physique et mentale après plusieurs mois et années à suivre un régime ou des recommandations en nutrition?

Les bienfaits de plusieurs de ces régimes sur la santé et sur la gestion de poids sont quand même bien démontrés à travers la littérature scientifique. Prenons par exemple le régime cétogène, qui fait beaucoup parler ces dernières années. Vous pouvez trouver beaucoup de données scientifiques qui montrent des améliorations notables sur plusieurs paramètres de la santé, notamment sur l’inflammation, sur la gestion de la glycémie et sur la perte de poids. Par contre, ce sont toutes des données provenant d’études de courte durée et dans des contextes qui ne reflètent pas du tout la vraie vie.

La dimension psychosociale mise de côté

En nutrition, des études de quelques semaines ou de quelques mois, non seulement c’est trop court, mais c’est aussi très difficile, voire impossible, de penser pouvoir suivre ces recommandations durant toute une vie. Vous savez, l’alimentation de l’humain, c’est très complexe. Cela dépend de notre contexte socio-économique, de nos préférences, de la relation que nous avons avec l’alimentation, de notre éducation et j’en passe. Se nourrir s’inscrit dans un modèle biopsychosocial à travers lequel les dimensions physique, sociale et psychologique sont en constante interrelation et indissociables. Malheureusement, les recherches sur la nutrition et de ses impacts sur la santé semblent s’intéresser trop souvent qu’à la dimension biologique (physique), par exemple sur les paramètres métaboliques (glycémie, tension artérielle, cholestérol, cancer, etc.) et ça, c’est un énorme problème en soi.

La ligne est très mince entre l’équilibre et le perfectionnisme alimentaires

L’intention est noble de promouvoir les effets positifs sur la santé de certains régimes, mais la science tend à démontrer avec assez de force que sur le long terme les personnes reviennent en arrière avec au passage des épisodes de reprise de poids, des périodes de yo-yo avec celui-ci et probablement une relation avec l’alimentation perturbée, mais les études ne mesurent jamais ça. Entre autres, saviez-vous que la littérature scientifique semble démontrer qu’environ 90% des personnes qui s’investissent dans une démarche de perte de poids avec les régimes reviennent à leur poids de départ ou encore plus au bout de quelques mois ou années? Saviez-vous aussi qu’il y a plusieurs données scientifiques qui suggèrent qu’il serait encore plus néfaste de jouer au yo-yo avec son poids que d’avoir un poids élevé, mais qui reste stable au courant de la vie?

Des solutions en toute humilité

J’ai, moi-même, fait partie du courant qui favorise beaucoup l’approche biologique de la nutrition (je m’y intéresse encore beaucoup cela dit) et de ses impacts positifs sur notre métabolisme et sur notre santé physique. Je ne prétends pas connaître la vérité et je ne cherche pas non plus à réduire l’importance de la santé physique. Par contre, afin d’apporter des changements qui sont durables en santé, mon expérience clinique ainsi que la science des dernières années confirment qu’une approche personnalisée qui respecte le modèle biopsychosocial aura beaucoup plus de chances de fonctionner sur le long terme. En ce sens, demander aux gens de suivre des conseils alimentaires simplement parce qu’ils améliorent les paramètres biologiques est voué à l’échec; enfin, au moins jusqu’à 90% du temps…

Donc, pour concrètement augmenter ses chances de succès, il faut tout d’abord choisir un professionnel de la santé qui se spécialise à la fois en nutrition, mais aussi en changement d’habitudes de vie et qui préconise une approche globale de santé.

Celui-ci devra fournir des solutions simples et concrètes au quotidien qui tiennent compte de l’humain dans son ensemble; entre autres sa famille, son travail, sa personnalité, ses expériences passées, ses attentes, son style de vie, ses préférences alimentaires, son bilan médical et, surtout, ses raisons profondes qui expliquent ce désir de changement. Ajoutez à cela de la patience, de la persévérance et du plaisir et vous avez la recette gagnante pour améliorer vos habitudes alimentaires pour le reste de votre vie!

 

 

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