Diverses conclusions ou opinions circulent sur la diète cétogène. Souvent contradictoires, il est difficile de savoir quoi en penser. Cet article permettra de faire le point sur un aspect précis : l’impact de cette diète sur l’inflammation. Comparons ensemble des études provenant toutes de grands journaux scientifiques, mais qui présentent des opinions différentes.

Un seul repas, c’est une fois de trop?

Selon certaines études, la diète cétogène augmenterait l’inflammation. En 2019, González et ses collaborateurs ont publié une étude démontrant une augmentation importante de l’inflammation chez les participants qui avaient consommé un seul repas riche en gras. Vous avez bien lu! Après seulement un repas. Il faut savoir que plusieurs autres études semblables avaient démontré la même conclusion, dont celle de Lemay et ses collaborateurs.

La question à se poser ici est : est-ce que nous pouvons affirmer qu’après un seul repas riche en gras ce type de diète est néfaste pour la santé? Eh bien non! Il faut comprendre que le régime cétogène ne consiste pas seulement à manger un seul repas riche en gras et que ce mode de vie n’est pas uniquement basé sur une alimentation rien en gras. Tel qu’indiqué dans l’un de mes articles précédents, le principe de base consiste en fait à provoquer un changement de métabolisme en privilégiant les lipides (les sources de gras) comme source de carburant au détriment des glucides. Après un seul repas, on ne voit pas les résultats obtenus une fois que le corps s’est adapté à cette diète. Au final, les résultats rapportés après un seul repas ne sont pas suffisants pour en arriver à des conclusions reflétant tous les aspects de ce type d’alimentation.

Et les études sur les rongeurs?

Les tests effectués sur des rongeurs sont assez fréquents, mais est-ce pertinent dans ce cas-ci? Je ne crois pas. Voici quelques différences entre l’humain et les rongeurs :

  • Les métabolismes de l’humain et du rongeur sont totalement différents.
  • La nourriture des rongeurs n’est pas très spécifique. En général, les grandes lignes sont identifiées sans plus (ex. : nourriture riche en gras à base d’huile de palme). Puisque ceci n’est pas précis, il est difficile de savoir exactement ce dont nous comparons. De plus, cette nourriture n’est pas équivalente à ce qu’un humain mange.
  • Avec la diète cétogène, les rats et les souris peuvent prendre du poids. Ceci peut même causer un foie gras (stéatose) chez les souris ce qui ne se produit pas chez l’humain simplement à cause du point #1 de cette liste.

Études cliniques sur une plus longue durée

C’est avec les études cliniques de plus longue durée qu’on observe un effet anti-inflammatoire lié à la diète cétogène. On parle ici d’études qui durent au moins quelques semaines.

D’une durée de 6 mois, une étude clinique a démontré une baisse de l’inflammation ainsi qu’une perte de poids chez les participants qui étaient tous obèses au départ. Une deuxième étude clinique s’est concentrée sur la protéine réactive C (CRP; un marqueur de l’inflammation). Durant les 3 premières semaines, les participants ont adopté la diète cétogène. Les 3 semaines suivantes, ils ont repris une diète dite « standard » pour ensuite recommencer la diète cétogène durant les 3 dernières semaines de l’étude. Dès les 3 premières semaines, les chercheurs ont noté une réduction significative de la CRP tout comme lors de la reprise de cette diète lors des 3 dernières semaines.

Études sur les cétones

Selon des études portées sur les animaux, il a pu être observé que les cétones agissent directement sur les voies de l’inflammation. Le mécanisme d’action des cétones permet donc de freiner l’inflammation par les inflammasomes NLRP3, de réduire certaines interleukines (groupes de cytokines; IL1 bêta) et diminue le stress oxydatif en activant la voie métabolique Nrf2 ainsi qu’une inhibition des voies de l’inflammation (NF-κB).

Résumons un peu tout ça!

La diète cétogène est un processus complexe. Il est alors important de s’assurer des points suivants avant d’affirmer quelque chose :

  • Savoir de quoi on parle,
  • Vérifier que les sujets utiliser lors de l’étude présentent un métabolisme semblable à celui de l’humain,
  • Citer des études qui ont durée suffisante et
  • Chercher à avoir une vue d’ensemble.

Aussi, si des mécanismes d’actions ont été démontrés, c’est un plus!

Pour obtenir un résultat qui reflète la réalité, il ne suffit pas de se baser sur un seul détail. Par exemple, en se fiant aux études qui respectent tous les critères énumérés ci-haut, on peut conclure que la diète cétogène a un impact anti-inflammatoire chez l’humain.

Si vous souhaitez consulter des résultats plus détaillés concernant ma propre expérience personnelle, je vous invite à lire mes 3 articles suivants : Trois jours avec la diète cétogène…, Diète cétogène : des changements en seulement 3 mois! et Diète cétogène : l’attente des 6 mois suggérés!

 

 

Références:

  • Bian H, Hakkarainen A, Lundbom N, Yki-Järvinen H. Effects of dietary interventions on liver volume in humans. Obesity (Silver Spring). 2014;22(4):989‐ doi:10.1002/oby.20623. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/oby.20623
  • de Luis D, Domingo JC, Izaola O, Casanueva FF, Bellido D, Sajoux I. Effect of DHA supplementation in a very low-calorie ketogenic diet in the treatment of obesity: a randomized clinical trial. Endocrine. 2016;54(1):111‐ doi:10.1007/s12020-016-0964-z https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27117144/
  • Dupuis N, Curatolo N, Benoist JF, Auvin S. Ketogenic diet exhibits anti-inflammatory properties. Epilepsia. 2015;56(7):e95‐e98. doi:10.1111/epi.13038 https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/epi.13038
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  • González F, Considine RV, Abdelhadi OA, Acton AJ. Saturated Fat Ingestion Promotes Lipopolysaccharide-Mediated Inflammation and Insulin Resistance in Polycystic Ovary Syndrome. J Clin Endocrinol Metab. 2019;104(3):934‐ doi:10.1210/jc.2018-01143 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6364509/
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