Pas une journée passe sans qu’on entende parler dans les médias autant de l’urgence d’agir pour prévenir les maladies chroniques en augmentation que pour limiter les changements climatiques. En effet, nous vivons à une époque où la surconsommation détruit notre santé prématurément mais aussi génère des gaz à effet de serre qui nuisent à notre survie sur cette planète.

Une des mesures les plus efficaces pour faire une pierre deux coups quant à l’environnement et à la santé est de promouvoir une réorientation du régime alimentaire vers une nourriture d’origine essentiellement végétale.

Il est un fait, nous mangeons trois fois par jour. C’est donc plus ou moins mille fois par année où, par nos choix alimentaires, nous pouvons choisir d’aider ou de nuire à notre santé, ainsi qu’à celle de notre planète.

D’un point de vue santé, la science est unanime et l’Organisation Mondiale de la Santé le confirme dans ses recommandations: nous devons opter pour une alimentation principalement végétale afin de prévenir les maladies cardio-vasculaires, le diabète de type 2 et certains types de cancer 1. En effet, une alimentation végétale bien planifiée est riche en fibres alimentaires et en certains nutriments (potassium, magnésium, folate, etc.) dont l’alimentation des Québécois est actuellement déficiente 2.

Aussi, la consommation de viande rouge a été classée comme probablement cancérogène et celle de la viande transformée comme cancérogène par le Centre international de Recherche sur le Cancer en 2015 3. De plus, l’ajout d’antibiotiques à l’alimentation des animaux d’élevage comme facteur de croissance contribue à la résistance aux antibiotiques chez l’humain, phénomène qui inquiète les autorités de santé publique 4.

Du point de vue de l’environnement, selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’élevage des animaux pour la consommation humaine à l’échelle mondiale est responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) 5. Ce pourcentage est même légèrement supérieur aux GES issus des émissions liées aux transports, toutes formes confondues.

Toujours selon la FAO, l’agriculture est aussi l’activité humaine nécessitant la plus grande surface terrestre et est ainsi responsable de vastes déforestations. Les conséquences en sont dramatiques : perte de biodiversité, relâchement massif de CO2 dans l’atmosphère, appauvrissement des sols, pollution des eaux, etc.

Dans un manifeste publié en novembre 2017 dans la revue Bioscience et endossé par 15 364 scientifiques de 184 pays, on peut lire que parmi les mesures les plus efficaces pour réduire notre empreinte écologique et limiter les changements climatiques, la réorientation du régime alimentaire vers une nourriture d’origine essentiellement végétale est l’une des mesures proposées 6.

On ne peut plus nier que l’élevage d’animaux destinés à la consommation humaine occasionne d’importants dommages environnementaux. La culture de protéines végétales, quant à elle, fait bien meilleure figure : notamment, les légumineuses et le soya requièrent moins d’eau et sont responsables d’une moindre production de gaz à effet de serre que la production de bœuf et autres produits animaux. Une équipe de chercheurs de l’Université d’Oxford a d’ailleurs démontré qu’un végétarien produit deux fois moins de GES qu’un omnivore!

En bref, en choisissant de remplacer partiellement ou totalement la viande par des protéines végétales (légumineuses, tofu, tempeh, noix, graines) dans notre assiette, nous faisons un geste de respect envers notre santé, notre habitat qu’est la terre et les animaux.

 

Hélène Baribeau, nutritionniste, clinicienne, conférencière et co-auteure du livre : Ménager la chèvre et manger le chou, éditions La Semaine, 2018.

Pour en savoir plus : www.helenebaribeau.com

 

 

Références :

  1. World Health Organization (n.d.). A Healthy Lifestyle. (En ligne) http://www.euro.who.int/en/health-topics/disease-prevention/nutrition/a-healthy-lifestyle (Consultée le 6 août 2018).
  2. Institut National de Santé Publique du Québec (2009). La consommation alimentaire et les apports nutritionnels des adultes québécois. (En ligne) https://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/931_RapportNutritionAdultes.pdf (Consultée le 6 août 2018)
  3. International Agency for Research on Cancer. Volume 114: Consumption of red meat and processed meat. IARC Working Group. Lyon; 6–13 September, 2015. IARC Monogr Eval Carcinog Risks Hum (in press). https://www.thelancet.com/journals/lanonc/article/PIIS1470-2045(15)00444-1/fulltext
  4. American Journal of Public Health (2015). Antibiotics Overuse in Animal Agriculture: A Call to Action for Health Care Providers. December; 105(12): 2409–2410. Published online 2015 December. doi:  10.2105/AJPH.2015.302870 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4638249/
  5. Tackling ClimateChange throughLivestock. A global assessment of emissions and mitigation opportunities. Food and Agriculture Organization of the United Nations. Rome 2013. http://www.fao.org/docrep/018/i3437e/i3437e.pdf
  6. William J. Ripple, Christopher Wolf, Thomas M. Newsome, Mauro Galetti, Mohammed Alamgir, Eileen Crist, Mahmoud I. Mahmoud, William F. Laurance, 15,364 scientist signatories from 184 countries. World Scientists’ Warning to Humanity: A Second Notice.BioScience, Volume 67, Issue 12, 1 December 2017, Pages 1026–1028. https://doi.org/10.1093/biosci/bix125