Adapté du chapitre 8 ‘’Déprescription’’ du livre ‘’Vivre jeune DEUX fois plus longtemps’’.

On ne peut nier l’importance des médicaments pour traiter de nombreuses maladies. Cependant, tout cet arsenal thérapeutique dont nous disposons peut être une arme à double tranchant. On observe actuellement des tendances inquiétantes, à savoir le surdiagnostic, duquel découle le surtraitement. Au fil du temps, une personne, à mesure qu’elle prend de l’âge, amasse plusieurs diagnostics auxquels peuvent correspondre autant de médicaments, et parfois des cocktails de médicaments. Et comme disait l’un de mes patrons à l’hôpital Saint-Luc durant mon internat (il y a plus de 30 ans): « Au-delà de six médicaments chez une même personne, on ne comprend plus rien. »

De là sa tendance à procéder à des « ménages thérapeutiques » systématiques chez les patients admis. Pour un médecin, souvent pressé par le temps, il est parfois plus facile de prescrire que de réfléchir.

« Ah, vous ne dormez pas bien? On va vous donner un petit quelque chose pour vous aider, temporairement. »

La première chose que l’on constate, c’est que le patient prend toujours cette médication après dix ans. Si prescrire est un art de la médecine, déprescrire pourrait bien l’être autant. Et les deux gestes doivent être posés dans le respect de la bonne vieille doctrine médicale :

« Primum, non nocere » (D’abord, ne pas nuire).

Force est de constater qu’il y a une « accumulation » de cette médication au fil des ans et qu’à mesure que les diagnostics s’additionnent, les médicaments se multiplient. Il est difficile de retirer un médicament qu’un patient prend depuis de nombreuses années, car on a l’impression qu’il risque de se passer un événement indésirable. Après tout, s’il le prend déjà, c’est qu’il en a besoin !

Le réflexe du médecin est alors de ne pas trop toucher à la médication déjà prescrite, et plutôt d’ajouter d’autres molécules « compatibles » au reste de la pharmacopée. Ce phénomène d’accumulation est bien connu de la communauté médicale et il est fréquent de rencontrer des personnes âgées prenant plus de 15 ou 20 molécules différentes !

C’est pourquoi la déprescription est si importante dans le contexte de bien vieillir. Car prendre toutes ces molécules peut s’avérer un danger et une menace souvent mortelle. De nombreuses admissions hospitalières sont en effet dues aux médicaments, ou bien par intoxication, par interactions ou par leurs effets secondaires.

Alors le conseil que je pourrais donner aux patients serait le suivant :

Demandez à votre médecin ou votre pharmacien le pourquoi de la prise de chacun de vos médicaments, et s’il est essentiel à votre bien-être. Si la réponse n’est pas claire, il serait judicieux de l’abandonner.

Exigez qu’un ménage thérapeutique se fasse périodiquement, d’autant plus souvent que vous prenez des médicaments.